L’IPF, cancer du Powerlifting
(et à l’origine de la pandémie de Covid sans doute…)
Ben oui, tant qu’à être de mauvaise foi, autant ne pas faire les choses à moitié pour buzzer.
Je tiens d’abord à préciser à ceux qui découvrent cette saillie sur la fédération Internationale de Powerlifting, qu’elle n’est pas de moi.
Les protagonistes
- Hugo Owona, tout jeune compétiteur de la FFForce et créateur du podcast « Le rendez-vous musclé ».
- Baptiste Deodati aka « Baptiste Marchais« , champion WPC de Bench raw (Développé couché sans maillot d’assistance) et créateur de la chaîne Youtube « Bench&cigars ».
Les faits
En invitant Baptiste pour un nouveau podcast, habituellement orienté FFForce, Hugo se doutait-il qu’il faisait entrer le loup dans la bergerie ?
Aux questions d’Hugo « Pourquoi la WPC et pas la FFForce ? », et « Tu n’as pas eu envie de venir en IPF ? » Baptiste répond par tout le bien qu’il en pense en qualifiant celle-ci de « cancer du Powerlifting » et de « fédération la moins légitime de toutes.» (à partir de 8mn15s).
L’IPF est le cancer du Powerlifting… la boule puante est lancée. Sincère dans son propos, le choix de la formule n’est pourtant pas anodin.
Alors, ok, il s’agit d’une phrase relevée sur plus d’une heure de podcast. Mais elle introduit tout un discours anti-FFForce/IPF, sur le dopage qui s’étendra sur un tiers de l’interview avec des inexactitudes, des imprécisions et des retournements de valeurs en faveur des fédérations « anti-système ».
(Un tiers du podcast concerne le Bench et ses coachings, et le dernier tiers à sa chaîne Youtube. Bref, « un repas de seigneur » une tribune lui était offerte).
Et ça a Marchais, pardon, marché, puisque la vidéo d’Hugo est en passe de battre un record de vues sur sa chaîne (près de 11 000 vues en dix jours contre 300 à 500 habituellement). « Bench&cigars » poursuit par la même occasion sa petite promotion. Comme il possède désormais un auditoire suffisamment important (+ de 120 000 abonnés) et que son intervieweur n’était pas en mesure de le contredire sur l’histoire des différentes fédérations, quelques réactions sont nécessaires pour contrebalancer beaucoup de contrevérités.
La réaction de Panagiotis Tarinidis aka « The Panash », athlète de haut niveau FFForce, dans uneee petiteuuuhhh vidéo – façon Fred Delavier (d’un peu plus d’une heure donc) est suffisamment complète et argumentée. Il rappelle les différences entre l’IPF, la FFForce et les fédérations comme la WPC, WPO ou WRPF, la question du dopage, des différences sur le règlement sportif, les performances ou l’arbitrage.
Il reste encore quelques éléments à ajouter (je vais tâcher d’être bref)…
Concernant L’IPF / la FFForce
Même si Pana l’explique dans sa vidéo, il est nécessaire d’insister au moins sur le fait que l’IPF fédère une centaine de nations réparties sur les cinq continents. Elle est membre de l’IWGA, l’association internationale des Jeux mondiaux, qui est reconnue par le Comité International Olympique (CIO). Elle est soumise au code antidopage de l’agence mondiale antidopage (WADA). Les athlètes IPF participent aux jeux mondiaux qui ont lieu tous les quatre ans.
La FFForce, quant à elle, est la Fédération Délégataire en France, c’est-à-dire qu’elle a reçu la délégation du Ministère de la Jeunesse et des Sports pour organiser les compétitions sportives à l’issue desquelles sont délivrés les titres nationaux, régionaux ou départementaux. Elle applique le règlement de l’IPF et est soumise au code du sport de l’agence Française de lutte contre le Dopage.
Voilà pour le côté « fédérations officielles ».
La fédération française a ses défauts (laquelle n’en n’a pas ?) mais globalement, une amélioration constante de sa communication et de l’organisation de ses finales est notable. La WPC France peut-elle se vanter par exemple d’un staff qui se déplace dans les quatre coins de la France avec une structure pour la scénographie, un écran géant, une table pour la sono, totalisant ainsi plusieurs tonnes de matériel ? Les Finales FFForce sont, de plus, retransmises en direct sur la chaîne Youtube de la Fédération, avec un ralenti pour les essais des athlètes. Les diffusions intégreront plusieurs angles de vue à compter de la reprise des Championnats de France.
Concernant la WPC, ses branches et sa réglementation
La WPC regroupe une cinquantaine de nations.
Un classement en multiply (un équipement d’assistance ++, très technique à maîtriser, avec comme son nom l’indique, plusieurs couches de tissus permettant un gain supérieur au matériel d’assistance simple couche homologué en IPF) existe dans la plupart des « fédérations » avancées par Baptiste. Par les trajectoires sinueuses des barres pour le bench, la validation de celles-ci peut être discutables en comparaison du simple-ply ou du raw. Les longueurs de bandes de genoux et de poignets peuvent être plus longues. Le matériel n’est, de toutes manières, pas vérifié. Youhou ! On peut toujours dans ce cas remettre en question la règlementation du pontage extrême en IPF…. Le Squat est pratiqué dans une monolift, une énorme cage à squat dont le mécanisme évite à l’athlète de reculer pour sortir la barre des racks mais n’évite pas les accidents, contrairement à ce qu’affirme le bencher/youtubeur. Je reviendrai plus tard sur ce point.
Détail qu’il aurait été intéressant de lui rappeler : certains membres du bureau de la WPC France (également compétiteurs) ont refusé de se soumettre à un contrôle antidopage de l’AFLD en 2018. Sanctionnés, il leur est interdit de participer directement ou indirectement à l’organisation de compétitions.
Tout est vérifiable dans les décisions de la séance du 8 juillet 2019 de l’AFLD, consultables sur internet.
Du coup, reprocher à l’IPF d’être un cancer, de ne pas être légitime, critiquer le règlement, les cadres de la FFForce, c’est tout de même l’histoire du maroilles qui reproche au gruyère de sentir mauvais…
Au sujet des accidents
Selon Baptiste, des accidents se produiraient en IPF, en s’appuyant sur UNE seule organisation désastreuse (en 2016, à Killeen, au Texas) liée à un mauvais choix de pareurs de la part de l’organisateur. Après cette organisation – il est vrai – calamiteuse, l’IPF a revu sa copie. N’empêche, lors de ce funeste jour, il y a eu moins de bobo que la blessure survenue au Russe Alexander Sedykh (Deux genoux brisés) lors d’une tentative de record au Squat à 400kgs dans une monolift en WRPF.
Un autre exemple, de Squat façon « head-shoulders-knees and toes » simultané, avec là aussi – décidément – casse de genoux dans une monolift, sans les sangles de sécurité cette fois, en WPA/AWPA :
L’IPF n’est pas à l’abri de tels accidents, bien sûr. Argumenter sur le sujet est un peu… casse-gueule, justement.
« Le choix dans les dates »
Le créateur de Bench&Cigars poursuit sa diatribe en aménageant à sa sauce – et de manière très confuse – la frise chronologique de l’histoire du Power mondial. Beaucoup boiront ses paroles sans rien y connaître, mis à part « qu’à la FFForce et en IPF, il n’y a que des mafieux et des dopés ».
Il faut dire, à sa décharge, que c’est un peu le bazar, toutes ces créations de branches pro/amateur, de scissions parce qu’une branche ne souhaite pas de contrôles, ou parce qu’une autre est peu regardante sur l’équipement utilisé. Au final, on découvre un arbre généalogique de la famille « WP », d’origine américaine, pas toujours clair. Et en matière d’unité, on repassera…
Voici donc quelques dates de création des différentes organisations « légitimes » aux yeux de Baptiste :
1986 : WPC (World Powerlifting Congress), créé par l’APF, la fédération de Force US qui souhaitait s’ouvrir à l’international
1997 : AWPC (Amateur World Powerlifting Congress)
2000 : WPO (branche professionnelle de la WPC)
2001 ou 2003 : World Powerlifting Conmité, née d’une scission entre athlètes WPC. Elle est renommée GPC par décision de justice.
2011 : WPC France
2014 : WRPF, World Raw Powerlifting Fédération, fondé par Kirill Sarychev.
L’IPF a, quant à elle, été fondée en… 1972 et les premiers championnats du monde ont eu lieu en 1973, avec par ordre de mouvement, le Squat, le Bench et le Deadlift. Avant cette date, il n’existait pas de comité international. Les Etats-Unis, la Grande Bretagne ou la France organisaient des compétitions de Force mais cette dernière ne pratiquait pas le Soulevé de terre par exemple. Aux Etats-Unis, l’ordre des mouvements était le suivant : Bench Press / Squat / Deadlift.
L’ordre des Big three n’a pas changé depuis 1973 et d’autres nations ont rejoint l’aventure IPF qui couvre bientôt 50 années de compétition en Powerlifting.
Si des « fédérations » d’à peine dix ans sont légitimes, prétendre le contraire pour l’IPF avec son demi-siècle d’existence, relève vraiment de la mauvaise foi.
Enfin, si on y réfléchit bien, une tumeur qui s’est déclarée depuis si longtemps ne doit pas être si maligne que ça…